Curtis Reid (Tanzanie) : “Quand on découvre le futsal, on se demande pourquoi on ne l’a pas essayé plus tôt !”

À l’aube de la première Coupe d’Afrique des Nations Féminine de Futsal, la Tanzanie se prépare à entrer dans l’histoire du futsal africain. Sous la direction de Curtis Reid, un technicien aguerri au parcours impressionnant, l’équipe féminine tanzanienne entend marquer les esprits et briller sur la scène continentale. Pour Reid, cette compétition est bien plus qu’une simple participation : c’est l’occasion de prouver que le futsal, en Afrique, peut être un vecteur puissant de développement du football.
Curtis Reid, qui cumule plusieurs années d’expérience en futsal, notamment au Royaume-Uni, connaît les exigences du futsal de haut niveau. Ancien joueur, il a ensuite entraîné plusieurs équipes et a même fondé sa propre académie de futsal. Sa vision du futsal est claire : un jeu collectif, exigeant la technique, l’intelligence de jeu et une maîtrise parfaite du ballon, des principes qu’il applique tant pour l’équipe masculine que féminine de la Tanzanie. Pour lui, le futsal est une version condensée et plus rapide du football traditionnel, offrant aux joueurs l’opportunité d’affiner leurs compétences techniques.
Lors de cette interview exclusive accordée à CAFOnline.com, Curtis Reid nous fait part de ses impressions sur la compétition à venir, la dynamique de son équipe, et les ambitions qui les animent. Dans un Groupe C composé de Madagascar et du Sénégal, il reste confiant et déterminé, en dépit des défis inhérents à cette première édition du tournoi. Son équipe, bien que relativement nouvelle dans le futsal, possède un potentiel énorme, et l’objectif est clair : remporter le trophée et ouvrir de nouvelles portes pour le futsal féminin en Afrique.
Cafonline.com : La Tanzanie est dans le groupe C avec Madagascar et le Sénégal. Quelles sont vos impressions ?
Curtis Reid : Nous savons qu'il s'agit d'un niveau international, donc nous nous attendons à affronter les meilleures équipes.
Nous anticipons une phase de groupes très difficile, mais nous nous préparons pour tous les scénarios possibles.
Comment se déroule votre préparation pour ce tournoi ?
Ça se passe bien. Cela pourrait être mieux, mais vous savez, le futsal commence à peine à se développer en Afrique. Nous rencontrons donc quelques difficultés, mais nous les surmontons et, espérons-le, nous ferons encore mieux la prochaine fois. Nous progressons et avançons dans la bonne direction.
Coach, pouvez-vous nous décrire votre équipe ?
La majorité de nos joueurs viennent du football, car le Futsal est encore nouveau ici. Cependant, notre équipe est très expérimentée. Beaucoup de nos joueurs ont déjà joué au niveau international, ce qui nous donne une certaine solidité.
Quelles sont vos ambitions pour cette CAN Féminine de Futsal ?
Nous espérons surtout que cette compétition contribuera à promouvoir le Futsal en Tanzanie et à développer cette discipline. Nous voulons sensibiliser davantage de personnes à ce style de jeu et aux bénéfices qu'il peut apporter, non seulement pour le Futsal, mais aussi pour le football en général.
Comment êtes-vous entré dans le monde du Futsal ?
Je joue au futsal depuis environ 10-15 ans. J'ai joué professionnellement au Royaume-Uni, puis j'ai commencé à entraîner. J'ai entraîné plusieurs équipes. J'ai dirigé ma propre académie et nous avions notre propre équipe en ligue professionnelle au Royaume-Uni. Pour moi, c'était naturel de passer du football au futsal. Quand j'ai compris que le futsal était très bénéfique pour ceux qui jouent au football, et maintenant que le futsal arrive en Afrique, c'était une belle opportunité pour moi d'entraîner ici en Afrique et de contribuer à faire progresser le football en Afrique.. Quand vous jouez au futsal pour la première fois, vous vous demandez pourquoi vous ne l’avez pas découvert plus tôt ! C'est un jeu passionnant, tant pour les joueurs que pour les spectateurs. La transition du football au futsal s’est donc faite facilement pour moi.
Vous avez récemment décrit le futsal comme un système de jeu "tiki-taka". Que voulez-vous dire par là ?
Le Futsal est à l’origine du style de jeu "tiki-taka". Des entraîneurs comme Pep Guardiola ont grandi avec le futsal. Des joueurs comme Ronaldinho, Ronaldo, Messi, Neymar… Si vous regardez les plus grandes stars du football mondial, je vous garantis qu’ils ont tous joué au Futsal à un moment donné de leur carrière. Le style tiki-taka vient directement de cette discipline : un jeu rapide, basé sur le mouvement avec et sans ballon, et de nombreuses passes précises pour atteindre l’objectif final.
Comment le futsal est-il perçu en Tanzanie ?
Pour le moment, il n’est pas encore très bien reconnu ici. Toutefois, grâce à la participation de l’équipe masculine à la CAN l’année dernière, de plus en plus de personnes en prennent conscience. Il y a des clubs où les dirigeants comprennent l'importance du futsal et l'intègrent dans leurs programmes de formation. Nous voyons une amélioration, et maintenant que l’équipe féminine participe également aux qualifications de la CAN, cela contribuera encore davantage à sa reconnaissance.
Coach, vous avez un rôle unique, car vous êtes également l'entraîneur de l’équipe masculine. Appliquez-vous les mêmes méthodes d’entraînement pour les hommes et les femmes ?
Oui, nous essayons de garder la même philosophie de jeu et les mêmes principes d’entraînement pour les deux équipes. J’ai même intégré à mon staff technique un ancien joueur de l’équipe masculine, qui en était le capitaine. Il m’assiste dans l’encadrement de l’équipe féminine et pourra partager son expérience avec les joueuses.
Sur un plan personnel, le fait de participer à cette première CAN de Futsal Féminin est-il une sorte de rédemption après avoir manqué de peu la qualification pour la CAN masculine ?
Oui, c’est une belle opportunité. Si nous réalisons un bon tournoi, nous avons une chance d’aller à la Coupe du Monde. Pour l’équipe masculine, la préparation n’avait pas été optimale, et nous avons tiré beaucoup de leçons de cette expérience. À l’époque, le futsal était encore nouveau pour la Fédération Tanzanienne de Football (TFF). Bien que nous ayons déjà des jeux en petit format en Tanzanie, le Futsal en tant que discipline était encore méconnu. Le fait d’avoir échoué de peu peut être attribué à notre manque de préparation. Cette fois, nous avons eu plus de temps pour nous organiser et une meilleure préparation pour l’équipe féminine.
Cette CAN ouvre la voie à la Coupe du Monde féminine de Futsal plus tard cette année. Que représente cette opportunité pour vous ?
C’est une opportunité énorme. Personnellement, je vois cela comme un moyen d’augmenter la visibilité du Futsal en Tanzanie et en Afrique. Mon héritage est jamaïcain, et en grandissant, j’ai toujours voulu venir en Afrique pour y apporter ma contribution. J’ai eu la chance de devenir entraîneur national et de partager mon expérience acquise à l’étranger. Pour moi, l'Afrique est chez moi, et la Tanzanie est mon foyer. Aider cette équipe à se qualifier serait une immense fierté, non seulement pour la Tanzanie, mais aussi pour tous les Africains, qu’ils soient sur le continent ou dans la diaspora. Cela montrerait que nous sommes capables de rivaliser avec les meilleures équipes.
Au-delà de la participation historique de votre équipe à cette CAN de Futsal Féminin, quel est votre souhait pour le développement du futsal sur le continent ?
Mon souhait est que le Futsal soit pratiqué dans chaque région de chaque pays africain. Que les jeunes aient accès à ce sport, qui est une excellente base pour le football. Beaucoup des meilleurs joueurs mondiaux sont passés par le futsal avant d’atteindre l’élite. J’aimerais que cette discipline soit mieux reconnue en Afrique. Et si le Président de la CAF continue à soutenir le futsal, je pense que ce rêve pourra devenir réalité.